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Bonjour,
Ma mère âgée de 92 ans vit dans cet établissement depuis 7 ans, suite à une insuffisance rénale très sévère qui a entraîné l’ablation d’un rein.
Lorsqu’elle venait chez moi, à proximité de l’Ehpad, elle disait qu’elle allait « rentrer chez elle »… Elle se sentait bien dans son « chez elle », où je lui rendais visite durant environ 1 heure tous les soirs, sauf de très rares exceptions.
Mais la survenue de cette épidémie a tout changé dans sa tête, malgré tous les efforts de l’ensemble des personnels pour entourer les résidents et leur famille ; le confinement en chambre, les repas en solitude devant le plateau où elle goûte plus qu’elle ne mange comme avant, les appels téléphoniques (2 fois/jour) qui la fatiguent, les visites désormais autorisées avec les contraintes que seules les familles comprennent, rien ne va plus ! Le moral s’est enfui vers un champ de délires qui lui font évoquer « la prison », elle ne regarde plus la télévision qui ne fait « que compter les morts »dit-elle.
J’ai rencontré ma mère 2 fois dans des conditions très bien aménagées et agréables dans une salle destinée à la rencontre sécurisée ; mais hier 13 mai, ma mère refusait de quitter sa chambre pour me rencontrer, avec des propos incohérents, et j’ai dû baisser mon masque car « elle voulait voir sa fille, donc moi ».
Rien n’est imputable à cette équipe de Korian qui déploie toute son humanité pour la vie quotidienne des résidents et les visites limitées des familles.
La conduite des précautions sanitaires a été menée précocement avec une efficacité indéniable dans cet établissement ; la communication de la direction envers les familles a été constante et transparente dès le début du confinement.
Maintenant, il reste à évaluer les dégâts psychologiques certainement irréversibles, et à se poser la question du bénéfice/risque à laisser les résidents dans cette privation de leurs liens affectifs, ce qui apparemment ne pose pas de problème au ministre de la santé qui a découvert bien tardivement les personnes âgées et les Ehpad, lesquelles ne sont que (comme nous) les victimes du manque de moyens de prévention dont l’Etat disposait.

Publié par Josette T, fille d’une résidente de la Maison Le Gentilé (54)

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